Le parcours dramatique vécu avec mon premier cheval

Le parcours dramatique vécu avec mon cheval Quanter.

Une histoire peu commune d'un cheval malade et d'une cavalière passionnée. Un parcours compliqué qui a fait ce que je suis aujourd'hui.. 

⚠ Si vous ne souhaitez pas tout lire (car l'article est très long), concentrez vous uniquement sur les titres et le texte en gras ! ⚠ 

Notre rencontre

Quanter est un cheval que j'ai eu vers mes 15 ans.


Je venais de quitter mon poney club d'enfance pour monter dans un élevage de chevaux de compétition d'obstacle, appartenant à des amis d'amis de mes parents.  J'avais la chance de monter de super chevaux de concours, sur lesquels je prenais des demi pensions. 

Avant d'acheter mon cheval déjà, je passais mon temps libre dans cet écurie, je participais pleinement à la vie quotidienne qui s'y déroulait: sortir les chevaux au marcheur, grooming, accompagnement aux divers concours ..
Du haut de mes 14 ans, je manipulais des étalons, poulains, je participais aux débourrages, ..



Je montais une jument que j'adorais: Phalisse. Une petite bai, compacte, énergique, sensible et équilibrée. Je pense que mes parents pensaient doucement à m'acheter un cheval, ça aurait été la jument idéale. 

Très malheureusement, je suis arrivée un jour aux écuries, et j'ai appris que la jument s'était "pendue" la veille au soir dans la porte qui fermait le box. Un bien malheureux accident.



Il fallait me trouver un autre cheval à monter. C'est là que j'ai rencontré Quanter. Un grand selle Français de 4 ans, costaud et long, au physique un peu difforme. Ce pauvre malheureux n'attirait l'attention de personne : lorsque les différents clients arrivaient pour l'achat, ils tournaient la tête avec un "non merci, on ne veut même pas le voir en dehors du box".  


Le début de notre histoire 

Je savais que ce cheval avait eu un accident étant poulain. A 2 ans, il s'est pris les postérieurs dans des fils non électrifiés, il a démarré et a entaillé très profondément son canon du postérieur droit. Il présentait une belle cicatrice visible, mais à l'époque, j'étais persuadée qu'il n'y aurait aucune conséquence autre que la cicatrice.  Comme personne ne voulait vraiment s'en occuper ni l'acheter, il était évident qu'il était idéal de le mettre dans les mains d'une petite gamine qui pourrait s'en occuper.

J'ai donc commencé à m'occuper de Quanter. 

Pas de feeling particulier, juste un cheval que je montais volontier, même si j'étais déçue que ma "jument coup de coeur" soit décédée. 

Je n'avais aucune idée de l'intention de mes parents de m'acheter un cheval. C'était un brave, malgré sa grande taille et la mienne qui était petite, il faisait tout ce que je lui demandais.
J'étais en pleine crise d'ado et les chevaux étaient mon exutoire. Je ne me posais pas des question, je passais juste du temps aux écuries pour me faire du bien.

Quelques mois après, mes parents me proposent de m'acheter ce cheval. Vu le brouillard dans lequel nous étions, j'accepte volontier de réaliser ce rêve que j'avais depuis toute petite d'avoir mon propre cheval.

Je n'ai donc pas eu l'occasion/pris la peine de CHOISIR le cheval qui me convenait, ni son caractère ni son physique. 

J'ai accepté ce "cadeau" qui se présentait simplement devant moi. Lorsque j'en parlais aux personnel des écuries, beaucoup me disaient "n'achète pas ce cheval, tu vas avoir des problèmes". 

Lorsque je posais la question aux vendeurs de l'élevage, ils me certifiaient qu'il n'y aurait pas de conséquences négatives de sa blessure par la suite.  Leur faisant confiance, j'ai fait l'erreur de ne pas faire de visite vétérinaire par quelqu'un d'externe à la structure.



Plus le temps passait, plus nous travaillions sérieusement avec Quanter. Nous avons commencé à sauter 
des parcours de plus en plus complexes, j'ai appris énormément grâce à ce cheval, et cet élevage d'obstacle était très compétent à ce niveau là.

Tout se passait bien avec Quanter, mis à part que quelques gouttes d'urine coulaient après le travail. Etrange, mais je ne me pose pas plus de questions..


Notre succès ! Ou pas.


Je décide de quitter cet élevage tout en continuant mes concours. J'en arrive sur des entrainements de 1,20m pour des concours de 1,15m.  Je commence  à faire de beaux parcours, presque sans fautes. J'étais préparée à bientôt remporter tous les concours auxquels j'allais participer ! Je frémissait déjà de bonheur ! 

Puis un jour, alors que je me promenais tranquillement dans la campagne, je demande un petit départ au trot et là................ il respirait comme un asthmatique en pleine crise 🧐



Après plusieurs tests sur plusieurs jours.. toujours la même chose. Heureusement, il respirait convenablement au pas et à l'arrêt. 

J'appelle le vétérinaire qui fait des examens, et résultat: cordes vocales paralysées. La raison selon lui? Probablement un champignon sur la paille OU un cheval qui devient cornard (déformation des cordes vocales qui apparaît parfois chez les grand chevaux. Leur respiration à l'effort siffle mais ils savent toujours bien respirer).  

Très triste d'apprendre qu'il y a peu de chances que mon cheval se remette, j'accepte ma pénitence et je décide donc d'aller uniquement  promenader au pas avec Quanter. Il  est arrivé plusieurs fois de me retrouver dans des situations ou il s'étouffait un peu parce qu'il venait d'avoir un stress et que cela avait fait augmenter sa respiration. 

Rien de très grave, jusqu'au jour ou j'ai cru qu'il allait mourrir sur place. Je me suis retrouvée seule au milieu des champs (avec un téléphone sans batterie biensûr si non c'est pas rigolo!) avec mon cheval qui s'asphyxiait littéralement juste parce qu'il avait vu une vache. Ses naseaux étaient grands ouverts et commençaient à saigner, il était couvert de sueur et incapable de marcher un pas de plus. 


Je suis descendue, j'ai dessanglé et j'ai bien cru qu'il allait mourrir sur place. 

L'opération


Horrifiée par cet événement, je perds courage et le vétérinaire me propose une solution : une opération qui consiste à "attacher" une corde vocale pour laisser une voie en permanence ouverte.

Vu que ses cordes vocales étaient paralysées, elles étaient donc "flasques" et lors d'efforts respiratoires très importants, elles s'aspiraient les unes contre les autres de manière à ne plus laisser passer d'air. 

En réalisant cette opération, il ne récupèrerai jamais totalement son souffle, mais il serait au moins épargné de ses étouffements.

C'est donc parti pour cette aventure a un prix passé 5000 euros..



En revenant de la clinique, j'ai vraiment vu par plusieurs petits signes que mon cheval s'était senti trahi et que cette opération n'était pas "juste" pour lui. Etrange sentiment !

Je vous épargne tout un récit pour vous dire tout simplement que l'opération n'a pas fonctionné comme prévu. Mon cheval rejetait la prothèse et toussait sans cesse. J'ai du me résigner à une retraite anticipée, il n'avait même pas 8ans! 


Une rencontre qui a changé ma vie



Après plusieurs années passées à gambader en prairie, je décide d'essayer à nouveau les promenades. Et étonnement, cela se passait plutôt bien.

Je décide d'appeler un maréchal pour ferrer à nouveau ses antérieurs qui souffrent des promenades. Lors d'une conversation avec ce monsieur, il me parle de ses chevaux de spectacle, de son approche qui semble différente de tout ce que j'ai toujours connu. Je décide donc d'aller visiter ses lieux ! 




Me voici chez David Godeau, maréchal ferrant et habitant une magnifique petite ferme d'équidés. Il me propose un cours sur Hermione, adorable jument Quarter Horse. 


Son approche est en effet différente, il a une approche d'équitation centrée qui me plaît beaucoup, et surtout il a une approche beaucoup plus "horsemanship" que tout ce que j'ai pu connaître auparavant.

Un moment m'a vraiment marqué lors de la leçon. Lors du premier départ au galop, j'ai senti la jument contente sous la selle, et heureuse d'être montée et de galoper. Mon esprit s'arrête un instant sur ce moment, c'est bête, mais je réalise que mon cheval n'a jamais été heureux de travailler. Il a toujours obéi comme une machine ou un esclave à mes ordres qui étaient finalement totalement égoistes, centrés sur moi même uniquement. 

Un nouveau fonctionnement


Je décide donc de changer totalement mon approche avec mon cheval. Je tente d'essayer de l'observer, de l'écouter, de mieux comprendre ce que lui a à dire. Le travail a été long et difficile car Quanter n'était pas habitué à cela. Il m'aura fallu du temps pour lui montrer qu'il pouvait s'exprimer.  

Je découvre le travail à pied, et surtout la gymnastique du cheval enseignée par David Godeau. J'en oublie les soucis de mon cheval, et comme par magie, il trotte, galope , retrouve une condition physique et une force d'enfer. 




David a une approche très holistique du cheval. 

C'est à dire qu'il observe les chevaux dans son ensemble. Jusqu'à ce stade, il m'a déjà aidé à comprendre que mon cheval avait besoin d'être écouté et de s'exprimer.
Ensuite, en tant que maréchal ferrant, il à également l'habitude d'observer la locomotion du cheval. Et sur ce point, il m'a aidé à comprendre quelque chose que nul ne m'avait fait remarquer jusque là..

Tout s'explique 

Il me fait remarquer que mon cheval a une forte raideur au postérieur, celui qui a été blessé. Moi qui croyait que cette blessure n'aurait pas d'impact, c'est en réalité ce qui explique tout les problèmes que j'ai pu rencontrer.

A l'aide d'autres professionnels de la santé et de thérapeute holistiques (que je remercie tous infiniment), j'ai pu décoder ceci: la blessure de Quanter est arrivée lorsqu'il était poulain, en pleine croissance. La lésion était tellement grosse qu'il s'est déplacé avec sa jambe tendue en écartant la hanches pour l'avancer pendant sa croissance. Son bassin a grandit de travers, et comme il ne mobilisait pas bien son arrière main, des vertèbres au niveau des lombaires se sont soudées anormalement. En se soudant, le nerfs responsable du contrôle de la vessie a probablement été lésé, le rendant incontinent. Je ne vous parle pas de l'impact de ses douleurs au bassin sur le reste de sa colonne, ses cervicales etc, qui n'a pas été mesuré. Il devait probablement aussi avoir de fortes douleurs au crâne en permanence. 


En ce qui concerne son problème de respiration, j'interprète cela comme un signe qui me montrait que le cheval "n'en pouvait plus". Car oui, je faisais sauter ce cheval 1m20 alors qu'il avait un dos totalement en miettes et parsemé de douleurs.. Quelle torture ! 

Tout mes problèmes partait donc de sa blessure. Grâce à la gymnastique du cheval (c'est à dire la mobilisation du cheval pour l'aider à aller mieux en fonction de ses lésions, un peu comme la kinésithérapie), j'ai pu vraiment aider Quanter à aller mieux. Nous avons même fait quelques concours d'équitation de travail, un (tout petit) concours d'obstacle, et surtout, nous nous sommes beaucoup amusés. 

L'importance de la vision holistique


Réaliser que c'est un maréchal ferrant et des personnes ayant une vision holistique qui m'ont aidé à comprendre et améliorer l'état de mon cheval - alors que beaucoup de professionnels du milieu n'ont jamais rien remarqué d'anormal ni rien signalé - m'a fait réaliser à quel point cette vision globale est précieuse et finalement assez rare. 

Beaucoup dans le milieu du cheval agissent sans se poser de questions. Ca doit rouler! Et lorsqu'il y a un problème, on a le nez dessus et on oublie de prendre un peu de recul, d'écouter le cheval, de se poser et regarder les choses DANS L'ENSEMBLE.


La fin d'une histoire 

J'ai un jour quitté cette écurie, et au fil des années, l'état de Quanter s'est dégradé. Une malheureuse autre blessure est venue un jour s'en mêler et le fait de devoir mettre Quanter à l'arrêt lui a porté un coup fatal. Après cela, je n'ai plus jamais réussi à le mettre en route correctement et il est mort d'une sorte d'infection urinaire, j'ai du l'euthanasier alors qu'il avait 13 ans.

Si cette expérience peut sembler malheureuse, elle est en réalité un parcours qui fût le fruit d'une richesse incroyable. Grâce à Quanter, j'ai complètement changé mon approche et ma vision des chevaux. J'ai appris l'importance de la gymnastique du cheval et celle du respect du cheval, autant dans la dimension physique que mentale. Lorsqu'il y a un problème, je regarde désormais les choses dans l'ensemble sans rester fixer sur le problème lui même. 

Une nouvelle voie !


Aujourd'hui, je me sers de cette expérience pour pouvoir faire mieux et aider d'autres personnes à comprendre leur cheval.
Je suis actuellement une formation de shiatsu équin qui vient compléter mon approche holistique par de nouvelles compétences. 

Je travaille plusieurs chevaux en gymnastique et j'aide de nombreuses personnes dans leur relation avec leur cheval. 

Cette expérience me rappelle aussi qu'à travers tout événement négatif, il y a quelque chose de positif à en tirer. C'est peut être difficile d'y voir clair quand on traverse le brouillard, mais il est important de garder de l'espoir, et de pouvoir faire un bilan à postériori, pour voir ce qu'on a pu retirer de positif de cette expérience. 

Si mes services ou mon parcours vous intéressent, n'hésitez pas à me contacter. Merci d'avoir lu mon expérience et mon parcours, qui fait réellement ce que je suis aujourd'hui.



Laura Menegazzi - Ambo-horses


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La biomécanique du cheval, c'est quoi et pourquoi ?

Nutrition équine : réflexions et connaissances de base